Un tournant stratégique et réglementaire pour l’aviation
60 mardi, 17 juin 2025 16:33
L’année 2025 marque un tournant décisif pour l’adoption des carburants durables dans le secteur aérien (SAF ou "Sustainable Aviation Fuel"). Longtemps freinée par des coûts environ trois fois supérieurs à ceux du kérosène classique, leur utilisation reposait jusqu’ici sur des engagements volontaires. Désormais, la réglementation européenne impose leur incorporation, bouleversant ainsi la dynamique du secteur.
Regardons ensemble aux principaux points à retenir :
Augmentation forte de la demande
La demande mondiale de SAF devrait être multipliée par 15 à 17 d’ici 2030 par rapport à 2024.
- L’offre a déjà bondi de 1150 % en trois ans,
- Mais elle ne représente encore que 0,3 % de la production mondiale de carburants d’aviation.
Défis industriels
Les producteurs de SAF et de HVO, ou "Hydrotreated Vegetable Oil", (Neste, Total, Eni, Repsol) doivent adapter leurs chaînes de valeur pour répondre à cette demande croissante. L’approvisionnement en matières premières durables (huiles usagées, biomasse, etc.) reste un défi majeur. Certaines compagnies s’engagent à ne pas produire de SAF à partir d’huile de palme et veulent une réduction des émissions de CO2 d’au moins 75 % sur l’ensemble de cycle de vie.
Vers des carburants 100 % SAF? - Aujourd’hui, les SAF sont autorisés jusqu’à 50 % de mélange avec du kérosène. L’objectif est d’atteindre 100 % SAF d’ici la fin de la décennie, ce qui nécessitera de développer des technologies de production, telles que:
- HEFA (Hydroprocessed Esters and Fatty Acids)
- FT-SPK (Fischer-Tropsch à partir de biomasse)
- Alcohol-to-Jet (à partir d’éthanol ou d’autres alcools)
- E-fuels (carburants de synthèse à base d’hydrogène vert et de CO₂ capté)
Impacts sur les compagnies aériennes
Les exigences de mélange vont alourdir les coûts opérationnels. Les compagnies devront adapter leur stratégie tarifaire et améliorer leur efficacité énergétique pour préserver leur rentabilité. Des compagnies comme Air France, Lufthansa Group, KLM, United Airlines, Delta, British Airways, Qantas et Singapore Airlines ont déjà lancé des vols partiellement alimentés en SAF.
- 80 % des entreprises du secteur se disent confiantes pour atteindre les objectifs SAF de 2030,
- Mais seulement 14 % se sentent réellement prêtes à les mettre en œuvre.
Opportunités pour les motoristes et avionneurs
Airbus, Rolls-Royce, MTU et Safran sont bien positionnés pour tirer parti de cette transition, notamment grâce à des moteurs compatibles SAF et des innovations en efficacité énergétique.
Perspectives stratégiques
Les SAF ne sont plus une option, mais une obligation réglementaire et une opportunité de différenciation. Les acteurs capables de maîtriser les coûts, sécuriser l’approvisionnement et innover seront les gagnants de cette transition. Les compagnies aériennes devront faire preuve de résilience économique et d’agilité stratégique pour rester compétitives.
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