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Cinquante nuances de complexité

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Les prix du pétrole sont revenus au centre des préoccupations des marchés après les frappes israéliennes contre l’Iran la semaine dernière, ravivant les craintes stagflationnistes. Une envolée prolongée des cours du brut pourrait en effet raviver les tensions inflationnistes, notamment dans un contexte de hausse des droits de douane, et constituer un nouveau frein potentiel à la croissance mondiale.

Jusqu’à présent, les infrastructures énergétiques iraniennes sont peu touchées. Le conflit de trois jours entre Israël et l’Iran n’a pas endommagé les infrastructures pétrolières stratégiques. Aucun champ pétrolifère ni terminal d’exportation n’a été visé. On note toutefois un incendie dans une unité de traitement de gaz sur le gisement géant de South Pars, suite à une frappe, ayant entraîné l’arrêt temporaire d’environ 12 millions de m³ de production (sur une capacité de 275mcm). Cette production est destinée au marché intérieur iranien. Par ailleurs, certains assureurs maritimes hésitent désormais à couvrir les passages via le détroit d’Ormuz.

Le risque d’escalade ne peut néanmoins être écarté. L’ampleur inédite et la nature multi-fronts de l’attaque israélienne laissent entrevoir une riposte plus virulente de la part de Téhéran. Les capacités de nuisance de l’Iran dépassent largement le champ de bataille direct : elles incluent l’activation de réseaux de milices chiites, notamment en Irak, ou encore l’utilisation du détroit d’Ormuz comme levier stratégique. Si l’Iran décidait de bloquer les exportations pétrolières et gazières transitant par ce point névralgique, le scénario noir prendrait forme, avec à la clé un risque accru de récession. Environ 20 à 21 millions de barils par jour de brut, condensats et produits transitent actuellement par Ormuz, soit près de 20 % de la consommation mondiale.

Ce scénario extrême nous semble toutefois peu probable à ce stade, pour plusieurs raisons :

  • La fermeture du détroit d’Ormuz constituerait une ligne rouge, jamais franchie à ce jour.
  • L’Iran n’est pas en position de force : ses relais régionaux (Hezbollah au Liban, Houthis au Yémen) sont eux-mêmes affaiblis depuis le conflit à Gaza.
  • Il ne faut pas oublier qu'une flambée des prix du pétrole inciterait les États-Unis à intervenir, d’autant plus que Donald Trump s’est à nouveau engagé ce week-end à faire baisser le prix de l’énergie, tout en poussant l’Iran à revenir à la table des négociations.
  • Du côté de l’offre, l’Arabie Saoudite pourrait réagir rapidement, avec une capacité additionnelle d’environ 3 millions de barils par jour. Une baisse de l’offre iranienne (environ 1,5mb/j d’exportations) pourrait donc être compensée. À noter : les projections de marché anticipaient déjà un fort excédent d’offre d’ici au 4e trimestre (ce qui pourrait avoir motivé Netanyahu à agir maintenant, dans une logique de "maintenant ou jamais".)

Quelles conséquences de marché en cas d’aggravation ?

  • Dans une perspective cross-asset, un choc géopolitique majeur entraînerait un mouvement "risk-off", au profit des obligations et au détriment des actions mondiales, surtout après le fort rebond récent. Les matières premières et l’or joueraient naturellement leur rôle de couverture.
  • En ce qui concerne les actions européennes, l’analyse des chocs d’offre pétrolière sur les dix dernières années montre que certains secteurs s’en sortent mieux : l’Énergie, les Matières Premières, la Finance, les Télécoms, ainsi que l’Alimentaire et Boissons tendent à surperformer. À l’inverse, la Technologie et les Biens de Luxe apparaissent comme les plus vulnérables face à un choc pétrolier.
  • Dans ce contexte, nous maintenons une position défensive sur les actions européennes, avec une forte surpondération du secteur Télécoms, historiquement peu exposé aux chocs pétroliers. Par ailleurs, si notre positionnement positif sur les secteurs du Voyage & Loisirs, de la Chimie ou sur les Small & Mid Caps européennes est appuyé sur une hypothèse de baisse des prix du pétrole, nous restons sélectifs et focalisés sur les facteurs de résilience.
  • Du côté du secteur de la Défense, les valeurs américaines sont aujourd’hui plus attractives que leurs homologues européennes en termes de valorisation.

Enfin, si une hausse prolongée des prix du pétrole constitue un nouveau risque stagflationniste, au même titre que les tensions commerciales croissantes, il convient de souligner que l’impact des droits de douane sur les prix aux États-Unis reste pour l’instant contenu, comme l’ont montré les derniers chiffres de l’inflation (CPI et PPI).

Dans ce contexte d’incertitude persistante, la Fed devrait rester en mode attentiste lors du FOMC cette semaine. Même si le passage des hausses tarifaires vers les prix à la consommation reste très limité à ce jour, il serait prématuré d’en conclure qu’il en ira de même dans les prochains mois. Il est probable que les stocks de biens constitués en amont des guerres commerciales aient joué un rôle de tampon. Si tel est le cas, les entreprises pourraient finir par devoir répercuter ces hausses. Quoi qu’il en soit, avec une visibilité toujours réduite, la Fed préférera préserver ses marges de manœuvre.

À suivre cette semaine :

  • Aux États-Unis, les ventes de détail pour mai seront un indicateur clé avant la réunion de la Fed.
  • Au Japon, l’évolution du CPI national et la réunion de la BoJ retiendront l’attention des marchés.
  • Au Royaume-Uni, la Banque d’Angleterre ne devrait pas modifier sa politique monétaire lors de sa réunion.

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